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Le Grenier s’apparente à une ruche bruissante d’activité et fait son miel des dons matériels des particuliers et de boutiques textile qui se séparent de leurs invendus. Julie et Nathan témoignent de leur parcours.


Le Grenier, basé au Havre, est une association qui emploie près de 160 personnes en insertion et bénéficie de l’engagement d’une trentaine de bénévoles. 

Mon fils est content : à l’école, il peut enfin dire que sa maman travaille. C’est une fierté pour lui que maintenant je m’occupe de moi. On discute de mon travail, de mes recherches de stage, etc. 

Ici on reçoit les particuliers qui viennent déposer vêtements, meubles, matériel. Là, on en fait le dispatching. Par ici, on s’affaire au tri des chaussures et du textile avant de les envoyer à la recyclerie ou dans les boutiques. Là-bas, on s’occupe de photographier les biens avant de les mettre en ligne sur la boutique du Label Emmaüs, partenaire du Grenier. Partout, ça va, ça vient. Les charriots pleins arrivent, les charriots vides repartent dans une valse infinie. Chacun à son poste joue un rôle bien précis.

Notre guide, aujourd’hui, est Julie. Cela fait une bonne année maintenant qu’elle travaille ici. Un bonjour par ci, un coucou par là. Elle connaît tout le monde et évolue avec aisance dans tous les « rayons » de cette ruche. Elle nous confie avoir été timide autrefois. Il n’en reste aucune trace. Souriante et avenante, elle a la parole facile. Nul doute qu’elle est fière du Grenier et qu’elle prend plaisir à nous le faire découvrir.

Sans qualification, après le lycée elle travaille en restauration jusqu’à la naissance de son fils. Elle a alors vingt-et-un ans et l’élèvera seule. Quinze années ont passé et c’est aujourd’hui un adolescent autonome. Elle nous confie que « début 2023, j’ai ressenti le besoin de m’occuper de moi. Quand ma conseillère Pôle Emploi m’a parlé du Grenier, j’y ai vu l’opportunité de retrouver une vie sociale et professionnelle, d’avoir un salaire et d’être accompagnée pour avancer dans mon projet de devenir secrétaire. D’autant que j’ai eu la chance d’être affectée dans l’équipe communication. Ici, j’ai développé certaines compétences que je ne pensais pas avoir ».

Comme tout salarié en insertion, Julie est encouragée à faire des stages pour affiner son projet professionnel et étoffer son CV. Bien que déterminée et volontaire, elle constate qu’il est très difficile d’obtenir des réponses positives. « C’est usant, mais je ne désespère pas, je reste motivée. J’espère sortir du Grenier avant l’échéance des 24 mois. Je sais qu’il va quand même falloir que je passe par une formation ou une reprise d’études pour obtenir un diplôme. En tout cas je ne veux pas retourner dans ma vie d’avant à me demander comment occuper mes journées. »

Cette première année lui a déjà été profitable. « Je vais d’évolution en évolution. Je sais qu’en sortant d’ici, j’aurai travaillé sur moi-même, sur ma situation et mon projet ». D’autant que Le Grenier délivre désormais des AFEST (actions de formation en situation de travail). Ce qui permettra à Julie de valoriser les compétences acquises durant son parcours dans la structure.

La vingtaine à peine entamée, Nathan, quant à lui, est là depuis un mois et demi. « Je suis arrivé au Grenier par l’intermédiaire de la mission locale. Je me sens bien ici, j’ai plein de choses à découvrir. Et je partirai dès que je pourrai en ayant acquis une bonne expérience ».

Il nous explique avoir traversé deux années difficiles après s’est cassé la clavicule et souffrir de douleurs nerveuses. Une situation handicapante qui l’a isolé socialement. « Après le Bac, j’ai entamé une licence de math informatique et sciences de l’ingénieur. Ca ne m’a pas plu. J’ai fait différents stages en périscolaire et en centres aérés. Puis j’ai fait une formation d’éducateur physique, c’est là que j’ai eu mon accident. Au Grenier je me resociabilise ».

Conscient de ne pas avoir suffisamment d’expérience professionnelle, il apprécie d’avoir été embauché en tant que salarié polyvalent au Grenier, où il pourra exercer différentes activités. Son projet professionnel le porte toutefois plutôt sur une activité en extérieur : l’entretien des espaces verts. « Malheureusement, rester debout longtemps, porter des charges ou ne serait-ce que lever le bras reste compliqué pour moi. D’ici deux mois je vais faire un stage dans ce domaine, à la fois pour découvrir le métier et voir si mon corps supporte cette activité ».

Le 1er avril 2025 le Grenier a ouvert une nouvelle activité de repasserie, co-financée par le FAPE EDF en 2024. De quoi accroître encore la diversité des tâches proposées aux salariés en transition dans l’association.

Que les salariés et retraités du Groupe EDF donnent au FAPE, Julie estime que « ça montre qu’il y a encore un côté solidaire, malgré la tendance actuelle à l’individualisme. Ca prouve qu’il y a des gens pour qui la solidarité veut dire quelque chose ». Nathan complète : « en quelque sorte, c’est une forme de bénévolat où au lieu de consacrer du temps à des associations, on donne de l’argent. C’est aussi une manière d’aider ».